Entouré de ses amis, élèves et anciens élèves, Paul Matthis a fêté ses 50 ans de pratique de l’aïkido le week-end de la Pentecôte. L’occasion de revenir sur le parcours d’un bénévole, toujours en activité à Wolfisheim, passionné et qui a dédié sa vie à sa discipline.

Il y a des carrières qui durent seulement quelques jours, quelques mois ou encore quelques années. Il y en a d’autres qui se prolonge toute une vie durant, au service d’un seul et même sport.

Celle de Paul Matthis, 74 printemps, a été entièrement dédiée à l’aïkido : 50 ans de pratique, de bénévolat auprès de nombreux élèves, plus ou moins jeunes, en Alsace et ailleurs, pour ce passionné ceinture noire 6e dan depuis 2020.

« Je suis tombé dans la marmite comme Obélix »

Cette vie, justement, a changé en 1973 lorsqu’il a poussé les portes du club tenu à Schiltigheim par celui qui va devenir son mentor, Fernand Simon. « Je suis venu un mardi à l’improviste et Fernand m’a pris par les épaules comme si on se connaissait depuis 30 ans. Puis je suis revenu trois jours plus tard, le vendredi, etje n’ai plus jamais arrêté depuis », explique Paul Matthis.

Une passion qui va l’habiter jusqu’à aujourd’hui, lui qui gère le club de Wolfisheim avec toujours la même envie et l’amour de sa discipline. « C’est une passion et aussi longtemps que je le pourrai, je ferai de l’aïkido ! », ajoute-t-il.

Paul Matthis a fêté son jubilé en compagnie de ses amis, élèves et anciens élèves à Rosheim. Plus de 80 personnes étaient présentes pour partager les souvenirs de toute une vie. Au programme de cette journée, une matinée de stage animée par le Maître lui-même puis un après-midi de fête.

« C’était magnifique, lance un Paul Matthis très ému. Tout le monde est venu, c’était un grand plaisir. Il y avait des anciens élèves venus d’Allemagne, de tout le Grand Est et même certains que je n’avais pas vus depuis plus de 20 ans. Je pensais qu’ils m’avaient oublié mais non ! Cela a été vraiment fort en émotion. »

L’occasion aussi de se replonger dans le livre de sa longue histoire avec l’aïkido. Pas question toutefois de sortir un moment particulier de cette vie sur les tapis. « C’est un tout, affirme le septuagénaire. 50 ans !
Vous vous rendez compte ! Je suis tombé dans la marmite comme Obélix. Je suis tellement mordu que je n’ai pas vu le temps passer. Je n’y crois pas. »

Il faut dire que l’aïkido l’a accompagné dans les bonnes et les mauvaises périodes de sa vie personnelle et professionnelle.

« Mon but est de laisser une trace»

« On a tous des hauts et des bas dans la vie de tous les jours et à chaque fois que j’avais la tête sous l’eau, l’aïkido m’a sauvé la vie, souligne Paul Matthis. C’est une famille, j’ai tout mis là-dedans. J’ai pu voyager et il y a une vraie relation humaine avec les gens. Je l’ai encore vu di-
manche. À chaque fois que je croisais quelqu’un, j’avais la larme à l’œil. »

Il est vrai que l’aïkido prône le partage avant tout. Pour preuve, il n’y a pas de compétition. « On travaille avec la force du partenaire, il n’y a pas de catégorie, par exemple, pour les hommes et une autre pour les femmes. On est tous ensemble, tout le monde peut pratiquer. Ce n’est que du bonheur. Quand on monte sur le tapis, c’est le paradis », explique l’enseignant. Un paradis mais aussi un royaume de la discipline, du respect de soi et des autres.

« Mon but est de laisser une trace et de préparer la suite, conclut Paul Matthis. Il y a encore des dizaines et des dizaines d’élèves à former. »

Olivier ARNAL